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La Famille DUCHAUFFOUR et la Maison des Joséphites

8 février 2017

Personnalités de L'Isle-Adam & Parmain à

 

 

 Personnalités de L'Isle-Adam & Parmain à découvrir

 

 

 

LA FAMILLE DUCHAUFFOUR et les JOSÉPHITES ©

 

Alexandre « Alfred » DUCHAUFFOUR nait le 15 décembre 1805, au n°2 de la rue du Grand-Chantier à Paris (3ème arrondissement actuel), de Louis Nicolas (1760-1820), ancien négociant, et de Marie Clotilde PEYTOURAUD (1777-1834).

 

rue du Grand Chantier Paris

Paris 1739 - rue du Grand-Chantier

Son grand père, Pierre Nicolas DUCHAUFFOUR (1731-ap.1788 ), était marchand de fer, et son bisaïeul, Nicolas François (1696-av.1761), marchand mercier, c'est-à-dire négociant d’objets d’art, tous deux commerçants à Paris dans le quartier Sainte-Avoye ( le 3ème arrondissement actuel, près du Centre Pompidou ).

Après de bonnes études de droit, il travaille avec son frère cadet Louis Emile, avoué près du Tribunal Civil de 1ère instance de la Seine, qui s’est établi au 27 de la rue Coquillière à Paris (1er arrondissement ). Là, pour des affaires à traiter en commun, notamment la vente de propriétés à Paris ou à proximité, il fait la rencontre de Maître Pierre-Charles André DAMBRY (1796-1869), notaire à l’Isle-Adam, qui cherche un repreneur pour son étude. Il y a une relative urgence, car DAMBRY depuis août 1836 a pris un substitut pour gérer son étude, Maître André Athanase BROSSARD, notaire à Beaumont sur Oise, ville voisine.

 

vente stors

Annonce du 29 avril 1838

Alexandre Alfred DUCHAUFFOUR est intéressé, l’étude est bien située dans la ville et la clientèle semble fidèle. L’acte d’achat est passé le 7 juin 1838, pour plus de 168.000 frs. Il achète également la maison où ce dernier exerçait au n° 29 de la Grande Rue, à l’époque appelée rue de la Chaussée, le 5 août de la même année. Cette maison était propriété de la famille DAMBRY depuis 1808.

DAMBRY cesse ses activités notariales car il désire s’occuper à plein temps de la ville de l'Isle-Adam dont il est le Maire. Il deviendra également Conseiller Général et Député.

 

étude DUCHAUFFOUR Grande Rue

Office notarial 29, Grande Rue à L’Isle-Adam

Alexandre Alfred DUCHAUFFOUR achète cette maison pour le prix de 20.000 frs. Pour en régler le montant et les frais annexes, il emprunte le jour même 30.000 frs à Charles Joseph BREMONTIER, habitant de Valmondois, et pour le rembourser, il est prévu contractuellement de lui servir une rente annuelle viagère de 2.000frs. La maison est hypothéquée et Louis Emile DUCHAUFFOUR, son frère, accepte de servir de caution pour 10.000frs ( La rente sera éteinte au décès de Monsieur BREMONTIER le 19 novembre 1876  !).

D’autre part, il doit régler à Monsieur DAMBRY, son prédécesseur, plus de 168.000 frs  pour la reprise de la clientèle.

 

papier à en-tête

en-tête de papier à lettre

Alfred DUCHAUFFOUR se marie à la mairie de Laon (Aisne), le 23 septembre 1838, avec Aimée Joséphine "Louise" BOULANGER, fille de Charles Antoine, notaire à Soissons, et de Luce Euphrasie MANTEAU, qui lui apporte une dot confortable. Ils auront 3 enfants, deux filles suivies d’un garçon, tous les trois nés à l'Isle-Adam.

Avec l’appui de Monsieur DAMBRY, il est élu Conseiller Municipal de L’Isle-Adam et il le reste de 1840 à 1859.

 

lettre 8 mai 1843

Correspondance du 8 mai 1843 de Maître DUCHAUFFOUR à son confrère Maître Eugène GUY, Notaire à Beaumont sur Oise.

 

Comme tous notaires, il se déplace très souvent chez ses clients pour rédiger chez eux différents actes de Mariages, d’inventaires après décès, d’achats et ventes de biens etc… Il fait la loi des parties. Il rend souvent des services et ses conseils sont très appréciés. C’est un des notables de l’Isle-Adam. Il devient un des contribuables les plus imposés de la ville.

 

Louise DUCHAUFFOUR née BOULANGER en 1859

Aimée Joséphine Louise DUCHAUFFOUR née BOULANGER en 1859

Collection P. LOLIVIER

 

A 53 ans, le 30 juin 1858, après 20 ans d'activités, il cède son office notarial pour 210.000 frs à Maître Siagre Emile LEFORT, avec un échéancier prévu jusqu’au 1er septembre 1866. Il lui vend également la maison notariale au 29 Grande Rue, le 15 mars 1859, pour la somme de 35.000Frs, avec paiement retardé au 1er septembre 1868, augmenté des intérêts à 5%.

Il se retire à Parmain, alors hameau de Jouy le Comte, où il loue avec son épouse le « Petit Château » sur la place, future mairie, à Madame DUCAMP qui est également propriétaire du « Château Conti » dans l’ile du Prieuré. Ils sont aidés par un domestique belge, Monsieur Félicien MOULIGNEUX.

L’aînée de ses enfants, Louise Adeline Amélie DUCHAUFFOUR, se marie à la mairie de Jouy le Comte le 28 février 1859 avec Amédée Martin PAIN, docteur en médecine, fils de négociant de Clermont (Oise). Son oncle paternel, Louis Emile DUCHAUFFOUR est témoin. ( Le 16 juillet 1892, Louise DUCHAUFFOUR, devenue veuve, achètera le « Château Conti » ).

Le 8 juin 1863, c’est au tour de sa fille cadette de se marier. Joséphine Antoinette « Anna » DUCHAUFFOUR épouse Abel Paul « Charles » JOYANT, ingénieur civil, neveu du peintre Jules Romain JOYANT. La cérémonie ne peut avoir lieu à la mairie de Jouy le Comte qui est occupée pendant plusieurs jours par un service public, mais, avec l’autorisation du Procureur Impérial de Pontoise, elle se déroule au domicile d’Alfred DUCHAUFFOUR à Parmain, toutes portes ouvertes…  

En  septembre 1865, Alfred DUCHAUFFOUR reçoit 1.000 frs comme héritier de François « Augustin » BRESLE qui lui a été reconnaissant d’avoir aidé son frère Jean-Baptiste, ancien juge de Paix du Canton et ancien Clerc de notaire de l’étude, lors de ses problèmes de santé qui ont conduit à son décès en 1851.

De même, en 1969, il reçoit 3.000Frs que lui lègue son ami Pierre Charles DAMBRY à son décès, le faisant son exécuteur testamentaire.

 

Lettre Alfred DUCHAUFFOUR

Lettre du 9 novembre 1869 à Gabriel-Félix-Alfred DUCHAUFFOUR, fils du notaire.

Afin de faciliter ses affaires et éviter des déplacements trop fréquents, il quitte Parmain en octobre 1869 et loue à Paris un appartement au n° 80 du boulevard Magenta dans le 10ème arrondissement et s'y installe avec sa famille. Bien que rentier, il continue à s’impliquer dans la vente de maisons pour le compte, notamment, de son successeur Maître LEFORT.

 

Lettre DUCHAUFFOUR à Paris

 Lettre du 21 novembre 1869

 

Afin de ne pas interrompre les études de droit de son fils qui doit effectuer son service militaire, il le fait remplacer, comme cela est légal, moyennant une somme de 2.500 francs.   

DUCHAUFFOUR Notaire

 Annonce du 12 janvier 1870

C’est dans son appartement parisien que Maître DUCHAUFFOUR décède le 3 mai 1872  à l’âge de 66 ans. Il est inhumé au Cimetière de l'Est parisien, dit du Père Lachaise. Il n'y a pas d'inventaire, mais un acte de notoriété et un autre de liquidation et partage des biens rédigés par Maître Siagre LEFORT.

80 bld Magenta Paris 10

80, boulevard Magenta à Paris

Début mars 1882, alors qu'elle demeure à présent au n°72 rue St Lazare à Paris, Madame veuve DUCHAUFFOUR donne mandat à son gendre, Charles Paul Abel JOYANT, ingénieur demeurant à Paris, d'acheter en adjudication à Monsieur Pierre MAILLARD, directeur d'agence bancaire à New-York, une propriété de 18 pièces connue comme « La Maison des Prêtres » ou « Les Joséphites », sise au n°43 de la Grande Rue, qui devient pour la plupart des habitants : la «  Maison Duchauffour ». 

 

BOULANGER MAILLARD 3

La vente a lieu le dimanche 19 mars 1882 par le ministère de Maître FÉRÉ, notaire à l'Isle-Adam, la mise à prix est de 39.000frs. Après plusieurs enchères, la propriété est adjugée 40.000frs, plus 361,85frs de frais, réglés comptant le jour même par Monsieur JOYANT.

 

Maison DUCHAUFFOUR

 

Ce grand bâtiment de la seconde moitié du XVIIème Siècle, probablement construit en 1661, le plus ancien de L’Isle-Adam, avait servi d’école à la Communauté des quatre prêtres que le très pieux Prince Armand de BOURBON-CONTI avait fait venir de la congrégation de Saint-Joseph de Lyon pour instruire gratuitement les enfants de la ville. Il en était le "Patron" et ses Armes devaient être sculptées sur la façade. La Révolution mit fin à la présence des prêtres et ce bâtiment et ceux qui l’entouraient furent déclarés Biens Nationaux, morcelés et vendus aux enchères.

Propriété DUCHAUFFOUR

 Plan cadastral de 1826

 

Trouvant que son jardin manque d'espace, Madame DUCHAUFFOUR acquiert le 20 mai 1886 une parcelle de terrain de 1125 m2 sise au 2 avenue de Paris, contigüe à sa propriété, où se trouvent une serre et un bûcher avec au fond un potager, pour en faire un jardin d’agrément. Cet achat à Monsieur Augustin Clément SCHAECK, ingénieur Civil, se réalise pour le prix de 10.000frs payés comptant. Le vendeur conservant une partie du terrain, il est prévu dans l'acte que Madame DUCHAUFFOUR doit faire ériger un mur séparatif à ses frais. L'ensemble de sa propriété mesure maintenant environ 3.800 m2.

BOULANGER achat Joséphites 8 copie

 Partie de terrain acheté à M Schaeck

Le Mariage de Gabriel-Félix-« Alfred » DUCHAUFFOUR et de Lucie Eugénie CARPENTIER est célébré à Paris le 9 octobre 1882. Ce troisième enfant du notaire qui est avocat et docteur en droit, deviendra substitut des tribunaux et Procureur de la République successivement à Étampes, Troyes, Avallon, Mantes et siègera comme Juge au Tribunal Civil de la Seine en 1910, puis en deviendra le Vice-président. Il publie un ouvrage : « Les accidents du Travail ». Quatre enfants naissent de cette union dont deux seulement survivent.

 

DUCHAUFFOUR famille l'Isle Adam

A l'arrière de la "Maison Duchauffour", côté jardin, Madame DUCHAUFFOUR-BOULANGER, (avec son panier ),en compagnie des familles DUCHAUFFOUR - JOYANT - LE CHEVALLIER et PAIN en 1890.       

  Collection P. LOLIVIER

 

En 1891, Madame Aimée Joséphine DUCHAUFFOUR, la veuve du notaire, a 71 ans. Aidée par sa domestique, Florence DUMAS, par son concierge, Léon VAAST, elle héberge depuis quelques années, dans cette grande maison de l’Isle-Adam, ses enfants et ses petits enfants composant les familles DUCHAUFFOUR, PAIN et JOYANT. Beaucoup de mouvements, d’invitations, d’allées et venues.

 

Marcel PROUST en 1888

Marcel PROUST en 1888

Notamment, à plusieurs reprises en 1888, son petit fils Édouard Charles JOYANT invite un camarade de sa classe de rhétorique au lycée Condorcet à Paris qu’il connait depuis l’an passé et qui deviendra célèbre, Marcel PROUST (1871-1922). Avec celui-ci, il fait des randonnées à cheval, mais Marcel PROUST est un piètre cavalier comme il le reconnait lui-même.

En avril 1891, Alors que Madame Veuve Aimée Joséphine DUCHAUFFOUR dort profondément dans sa propriété de la Grande Rue, des cambrioleurs s’introduisent dans la maison après avoir escaladé le mur de clôture et brisé une vitre de la salle à manger. Ils emportent de l'argenterie et des objets de valeur contenus dans le tiroir d'une petite table.Madame DUCHAUFFOUR en est très affectée.

 

maison Duchauffour 1902 4

A gauche, le mur de la propriété « Duchauffour » en 1902

Mais peu à peu, les familles se dispersent au gré des situations professionnelles et des études des petits enfants, la grande maison se vide...trop, le silence remplace l'agitation.

Madame Veuve DUCHAUFFOUR, née BOULANGER, s’éteint le 16 mai 1905 dans sa propriété, elle a 85 ans. Les obsèques sont célébrées le surlendemain à 11h en l’église de l’Isle-Adam. Elle repose au cimetière de la ville.

tombe Mme DUCHAUFFOUR

Tombe d’Aimée Joséphine Louise BOULANGER veuve DUCHAUFFOUR

Ayant hérité de la « Maison Duchauffour », son fils Gabriel Félix « Alfred » DUCHAUFFOUR vient fréquemment à l’Isle-Adam, à la campagne, s’y reposer avec son épouse et ses deux garçons. 

 

Famille DUCHAUFFOUR 1908

Carte envoyée en septembre 1908 par Alfred DUCHAUFFOUR à son fils Bernard, 16 ans, qui voyage en Allemagne.

 

Le Président DUCHAUFFOUR aime voyager. En Septembre 1909, il prépare son périple en Crimée : 

DUCHAUFFOUR à Henri BARDOT

Carte envoyée à M Henri BARDOT, grand oncle de la comédienne Brigitte BARDOT.

 

L’aîné de ses fils, Marcel, fait des études de droit à Paris. Après la guerre, il devient attaché à la Chambre Syndicale des Agents de Change de la Bourse de Paris. Il épouse en 1945 Anne Marie Aline de MAZIÈRES, fille d'un pharmacien de l'Indre.

Le cadet, Bernard, s’engage en octobre 1911, à 19 ans, au 11ème Régiment de Cuirassiers en garnison à Saint-Germain-en-Laye. Venant en permission pour fêter Noël chez ses parents 3, rue de la Terrasse à Paris, il prend l’ascenseur pour accéder à l’appartement familial au 3ème étage. Pour une raison inconnue, la porte de la cabine se referme brutalement, le fait chuter dans les escaliers, lui occasionnant une fracture de la boite crânienne et une autre du bassin…transporté à l’hôpital Beaujon dans un état désespéré, après une opération délicate, il survit et gardera un menton quelque peu de travers. En 1922, il est secrétaire d’un liquidateur judiciaire à Paris. Il se marie en 1932 avec Marie Lucy ROYER, fille d'un entrepreneur vosgien.

Alors qu’il voyage depuis 15 jours avec sa femme et revient de Russie après avoir visité les principales villes, Alfred DUCHAUFFOUR décède subitement d’une congestion pulmonaire le 31 août 1912 dans une chambre de l’hôtel "Métropole" à Vienne en Autriche. Dès qu’ils sont prévenus, Marcel et Bernard, ses fils, partent rejoindre leur mère à Vienne. Ses obsèques sont célébrées le 9 septembre en l’église Saint-Charles de Monceau à Paris devant de nombreux amis et de personnalités. L’inhumation a lieu au cimetière de Mantes (Yvelines).

Marcel et Bernard DUCHAUFFOUR héritent à leur tour de la « Maison Duchauffour ». Ils sont encore célibataires et cette maison est bien trop grande pour eux, d’autant qu’il y a des frais d’entretien importants à prévoir.

Après de très longues négociations, les deux frères vendent en 1922 cette maison à la ville de l’Isle-Adam qui en fait des logements administratifs, bureau de réception du greffe de la Justice de Paix, bureau du Contrôleur des Contributions, du Ravitaillement, logements pour employés communaux. En 1922, il est prévu de démolir une partie du mur de clôture afin de créer une voie.

Le 8 juillet 1944, à cause des bombardements aériens de l’Isle-Adam, toutes les portes et fenêtres sont brisées par le souffle des explosions. 

Puis, une partie de cette maison devient en août 1950 le "Musée Louis SENLECQ", du nom du Docteur SENLECQ, son fondateur et Président, ancien maire de l’Isle-Adam de 1935 à 1941, évoluant par la suite en : « Les Amis de l’Isle-Adam ». De nombreuses expositions sont présentées avec succès.

En 1953/1954 un nouveau bureau de poste est construit dans l’angle Nord-est de la propriété sur une surface de 1135m2 pour remplacer celui trop exigu de la rue Charles Hibert.

 

Maison DUCHAUFFOUR 2

 La « Maison Duchauffour » avec son jardin et devant, le petit bâtiment des Bains-douches dont la création a été décidée par résolution du Conseil Municipal du 5 avril 1925 et qui sera construit la même année.

 

Le "Syndicat d'Initiative", devenu "Office du Tourisme", occupe quelques années deux pièces au rez-de-chaussée, avant d'emménager avenue des Écuries de Conti.

En 2006, le bâtiment ne répond plus aux normes de sécurité exigées pour présenter des expositions au public, des travaux importants sont indispensables pour retrouver l'agrément. En 2013, le personnel et les collections du Musée sont transférés au "Château Conti". En attendant, une éventuelle réoccupation des lieux, cet important témoin de l'histoire de l'Isle-Adam reste fermé...espérant de meilleurs jours.    

 

Léon FORT 1

 Aquarelle de Léon FORT  «  Le jardin Duchauffour »  1920

 

Léon fORT 2

Aquarelle de Léon FORT  vers 1930

A gauche, entrée de l’ancien jardin de Madame DUCHAUFFOUR 

 

  Arbre généalogique de la Famille DUCHAUFFOUR

 

006

Essor social de la Famille DUCHAUFFOUR      

Nicolas DUCHAUFFOUR  laboureur

Nicolas DUCHAUFFOUR   maître marchand boulanger à Paris

François Nicolas DUCHAUFFOUR  marchand mercier à Paris

Pierre Nicolas DUCHAUFFOUR  négociant, marchand de fer à Paris.

Louis Nicolas DUCHAUFFOUR  négociant à Paris

Alexandre Alfred DUCHAUFFOUR  notaire à l'Isle-Adam

Louis Emlile DUCHAUFFOUR  avoué à Paris

Gabriel Félix Alfred DUCHAUFFOUR  magistrat à Paris

Dieudonné Alfred DUCHAUFFOUR  commis agent de change à Paris

Marcel DUCHAUFFOUR  agent de change à Paris

Bernard DUCHAUFFOUR  employé de banque à Paris

 

Claude AUBOIN

L'Isle-Adam,  le 12 mars 2017

 

*

 

Enquête sur l’adresse de naissance d’Alexandre Alfred DUCHAUFFOUR (1805-1872)

réalisée par Patrice LOLIVIER, descendant du notaire.

 

Enquête sur l’adresse de naissance d’Alexandre Alfred DUCHAUFFOUR (1805-1872)
 

Dans le document ci-dessus, il y avait par chance,dès le début, la reproduction d’une partie d’un plan ancien de Paris montrant l’ancienne rue du Grand Chantier où est né Alfred.

Hélas, ce nom n’existe plus et c’est un problème souvent rencontrés en généalogie : où a été prise cette photo ? où est ce lieu-dit, cette maison, comment s’appelle aujourd’hui cette rue, a-t-elle disparue suite à des travaux d’urbanisme ? (sans compter que le nom a été parfois « transféré » à une autre rue…) ?

On trouve aussi le cas (plus rare) de villages ayant modifié leur nom, par exemple suite à regroupement avec un village voisin ou par raison « de convenance » : on a même renommé des départements parce qu’il y avait « bas » ou « inférieur » dans leur nom…

Bref, des embûches, mais résoudre une énigme fait partie des joies du genre !

L’idée m’est venue que, grâce à un détail, je pourrais peut-être identifier l’immeuble sur ce plan et le retrouver dans le Paris d’aujourd’hui.

Cet indice est le « n°2 » dans la rue.

En effet je connaissais, grâce à un chauffeur de taxi, la règle actuelle de numérotation des immeubles à Paris, qui me sert parfois à m’orienter : en parcourant une rue dans le sens des numéros croissants :

1)      Vous avez les pairs sur le trottoir de droite et les impairs sur celui de gauche, de plus

2)      Si vous êtes dans une rue parallèle à la Seine, vous êtes en train de la parcourir dans le sens du courant c’est à dire (intra-muros) d’est en ouest.

3)      Si vous êtes dans une rue perpendiculaire (ou « oblique ») à la Seine, vous êtes en train de vous en éloigner et allez donc vers le sud (pour la rive gauche) ou vers le nord (pour la rive droite).

Si cette règle était valide en 1805, le n° 2 était donc à l’une des extrémités de la rue : la plus proche de la Seine, ou la plus en amont par rapport au courant. Cela limite donc le choix à 4 immeubles : les 4 formant angle avec les rues transversales.

Il me restait donc à trouver :

1)      Le nom actuel de cette rue

2)      Son orientation par rapport à la Seine (qui n’est pas visible sur ce plan)

3)      Le numéro de l’immeuble actuel et à quoi ressemble-t-il

4)      La date de commencement du système actuel de numérotation.

 

Nom actuel de la rue

 

Plusieurs noms visibles sur le plan existent encore : « Enfants rouges » est toujours le nom d’un marché, « Pastourelle » et « Temple » sont toujours des rues actuelles et la rue « des Vieilles Audriettes » est devenue « des Haudriettes ».

Il devenait alors facile d’orienter le plan et de redécouvrir qu’autrefois on ne mettait pas forcément le nord « en haut » de la carte… Dans le cas du plan dit « de Turgot » par exemple, l’Est est en haut, sans doute pour pouvoir représenter la façade des églises puisqu’elles sont traditionnellement orientées vers Jérusalem.

La comparaison avec un plan actuel montre que c’est un tronçon de l’actuelle rue des Archives (75003).

 

Orientation de la rue, donc des 4 immeubles ?

 

La comparaison montre aussi que la Seine est à droite du plan ancien. Selon la règle actuelle, l’immeuble recherché est donc à l’angle de la rue « … fils ». Le plan moderne indique que c’est la rue des quatre fils.

Puisque le n°2 doit être sur le trottoir de droite en ayant la Seine dans le dos, c’est donc l’immeuble qui est au-dessus du mot « Chantier » et qui par chance est représenté de face !

NB. Les connaisseurs du vieux Paris auront reconnu l’emplacement des Archives nationales au-dessus de « R. du Chaume »)

 

Cet immeuble existe-t-il toujours et quel est son numéro actuel ?

 

Sans même se déplacer, grâce aux vues satellites et à GoogleStreet, on le retrouve, quasiment identique, et on apprend qu’il s’agit de Wikipédia nous apprend qu’il fut élevé entre 1651 et 1655 par François Mansart (1598-1666) pour Jean-François de Guénégaud, sieur des Brosses, maître des comptes

 

Duchauffour 1

Duchauffour 2

Une comparaison attentive entre les photos et le vieux plan montre qu’il y a eu un changement dans la façade sur rue : la partie centrale a été abaissée et une balustrade à colonnettes installée (voir plus bas) mais tant sur rue que dans la cour le nombre de fenêtres n’a pas changé, sauf en partie dans les toits qui ont été refaits.

Duchauffour 3   Duchauffour 4

                                                                                      Façade sur rue (pt rouge) sous un autre angle                                  Hôtel vu côté jardin

Une dernière vérification sur la façade montre qu’au rez-de-chaussée, la porte est devenue rectangulaire et sans doute élargie et que le fenestron à sa gauche a disparu, mais les fenêtres d’extrémité sont encore au nombre de 4 au rez-de-chaussée et de 2 à l’étage. Il s’agit bien du même bâtiment, son histoire va le prouver définitivement.

 

Duchauffour 5         Duchauffour 6

                        2 vues actuelles de la façade sur la rue des Archives (on y remarque les colonnettes)

 NB Mon hypothèse sur le rabaissement d'une partie de la façade en supprimant le premier étage est que, l'hôtel est orienté à l'ouest côté cour, et que donc à partir du milieu de l'après-midi les fenêtres sur cour ne recevaient paqs de soleil à cause de ce premier étage. ceci a peut-être été fait en 1703, voir plus bas.

quand on se promène dans les environs, on remarque plusieurs hôtels sans premier étage côté rue. mais peut-être n'est-ce qu'un effet de mode architecturale.

 

Un peu d’histoire.

 

Voici un extrait de ce qu’en dit Wikipédia :

« C’est le seul hôtel du célèbre architecte qui subsiste dans sa totalité, il est aujourd’hui le siège de la Fondation de la Maison de la chasse et de la Nature (1).

 

Duchauffour 7

(1)     Le musée de la chasse et de la nature qui s'y trouvait a été transféré en 1964 dans l’hôtel de Mongelas, hôtel particulier mitoyen (N°62) de l’hôtel de Guénégaud et également œuvre de Mansart.

En 1703 il est vendu au financier Jean Romanet, qui entreprend des modifications et des embellissements. Au milieu du XVIIIème siècle, l'hôtel passe à la famille Thiroux qui en restera propriétaire jusqu'en 1895. »

On apprend donc par cette phrase que la famille DUCHAUFFOUR y était locataire et non propriétaire.

Continuons :

« Cependant, à partir du milieu du XIXème siècle, l'hôtel est envahi par les installations commerciales et petit à petit se dégrade.

Inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1929 il en est rayé quatre ans plus tard, puis menacé de destruction pour cause d'insalubrité publique en 1959.

Grâce à André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, l'hôtel est classé Monument historique en 1962 et acheté par la ville de Paris. C'est l'un des tout premiers hôtels à être restauré dans le cadre des plans de sauvegarde du Marais décidés par André Malraux.

En 1964la ville de Paris le loue, par bail emphytéotique de 99 ans, à la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature, à charge pour elle d'y effectuer les travaux de restauration Le sauvetage et la mise en valeur de l'hôtel de Guénégaud seront donc opérés grâce au mécénat de François et Jacqueline Sommer. En février 1967 le musée est inauguré par André Malraux. »

 

 Date de commencement du système actuel de numérotation

 

C’est la question qui pouvait tout remettre en question : ce système de numérotation était-il déjà en vigueur en 1805 date de naissance d’Alfred ? Et si, par exemple il n’y avait pas encore la répartition pair/impair, ce serait peut-être le deuxième immeuble, et alors de quel côté de la rue ?

Recherche… (Wikipédia) :

« Le premier numérotage. L'agrandissement de la ville et l'accroissement de sa population finirent par rendre indispensable l'identification des immeubles. C'est Marin Kreenfelt de Storcks, chargé d'affaires de l'Électeur de Cologne et éditeur de L'Almanach de Paris qui établit en 1779 un projet de numérotation (dit, bien à tort, « numérotage royal »), approuvé en sous-main par le lieutenant général de police. Jusqu'en 1789, il fit poser à ses frais des numéros sur les maisons, et ce malgré l'opposition de propriétaires souvent méfiants.

 Les uns voyaient dans ce recensement l'annonce de taxes nouvelles, et les personnages importants supportaient mal que leurs nobles demeures s'inscrivissent dans une numérotation continue qui les plaçait sur un pied d'égalité avec les masures du peuple. Cette numérotation était continue sur un côté de la rue et continuait sur le côté opposé, sans notion de côté pair et impair, le premier numéro faisant donc face au dernier, et l'on numérotait les portes, et non les maisons. ».

Aïe aïe aïe… continuons :

« La Révolution. Une nouvelle numérotation (dit numérotage révolutionnaire ou numérotage sectionnaire) fut instituée par le décret du 23 novembre-1er décembre 1790. Il avait pour but un recensement des citoyens soumis à l'impôt et non la commodité de l'orientation, ce qui explique sans doute son incohérence. Chacune des quarante-huit sections décidant de sa mise en œuvre, le résultat fut catastrophique : on pouvait trouver le même numéro plusieurs fois dans une rue, les changements de sections créaient des ruptures dans la série, certaines numérotations étaient continues de rues en rues à l'intérieur d'une même section. La minuscule rue de l'Échelle comportait ainsi un numéro 5650 ! ».

Suspense…. Suite :

« Numérotation actuelle. C'est le décret du 4 février 1805 qui définit le système actuel : … ».

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Alfred étant né en décembre 1805, je préfère penser que le numéro actuel aura été attribué en cours d’année et que c’est donc bien l’Hôtel de Guénégaud dont il s’agit.

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Fin du suspense ? Pas tout à fait, Wikipédia continue :

« Exceptions.

Les rues de Tilsitt et de Presbourg qui sont circulaires, ont leur système propre, de même que les quais.

Outre ces cas, le principe de la croissance des numéros dans le sens du cours de la Seine n’est pas respecté par certaines rues du 12 ème arrondissement, telles que l’avenue Daumesnil et les rues de Charenton, de Reuilly, de Wattignies et de Picpus, où les numéros croissent dans le sens inverse.

Enfin, dans le Chemin du Parc de Charonne situé dans le 20 ème arrondissement, les numéros impairs sont situés à droite lorsqu'on regarde dans le sens des numéros croissants, contrairement au principe général. De plus, les numéros croissent en direction de la Seine. »

La rue des Archives n’y étant pas citée, j’en reste à la conclusion ci-dessus…

 

*

 

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pour contact  : auboin.claude@wanadoo.fr

 

 

 

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